Jeanne Guien, docteure en philosophie et chercheuse indépendante, a étudié et abordé dans plusieurs ouvrages les questions de consumérisme et d’obsolescence.
En sociologie, le consumérisme peut être défini comme “l’idéologie économique qui met la consommation au centre des activités”. On parle souvent vulgairement de “société de consommation”.
Cette idée d’inciter à consommer pour développer l’économie est née dès le XIXème siècle et depuis de nouveaux métiers ont vu le jour dans ce but de pousser à la consommation : on pense ici à la publicité ou au marketing par exemple.
Pour Jeanne Guien, “le consumérisme est une anomalie historique récente” et nos besoins ne sont pas les mêmes selon la période et le lieu où l’on vit. Mais comment parvient-on à nous faire acheter ou utiliser ce dont nous n’avons pas besoin :
- Déjà en rendant des biens ou services indispensables. Dans nos sociétés occidentales, il est dur de se passer d’un téléphone portable, de plus en plus de démarches administratives, d’accès à certains droits passent maintenant par des applications.
- Ensuite, il y a la fameuse obsolescence, le fait de rendre inutilisable les objets après une certaine durée. Plutôt que de développer la réparation, l’entretien, il est souvent plus simple et moins cher de remplacer.
- On peut également parler des nombreux objets à usages uniques, souvent produits à la base dans un but spécifique mais qui sont ensuite démocratisés pour notre quotidien (les pailles jetables ont par exemple été créées pour permettre aux personnes ne pouvant mastiquer de s’alimenter avant d'inonder les terrasses des cafés pour que l’on puisse siroter une limonade)
- Enfin, les industriels ont aussi développé de nouveaux produits en diversifiant les gammes, en instaurant des modes. La “nouveauté” étant une des qualités marchandes régulièrement utilisées par les industriels et les marques. Jeanne Guien appelle d'ailleurs à se détacher et à se méfier du discours de la nouveauté, pour plus d’info nous vous invitons à visionner la conclusion de cet entretien pour Frustration Magazine.
Nous sommes fortement dépendants du marché dans la plupart des aspects de notre vie quotidienne, même sans le vouloir. Mais bonne nouvelle, les solutions pour entrer dans une logique anticonsumériste, et donc forcément décroissante, ne manquent pas :
Au niveau de l’État, des mesures efficaces doivent être prises comme les quotas sur la production, instauration de taxes sur les produits polluants, interdiction de la publicité, mais aussi mise en place de plus de services publics qui sont censés échapper au marché.
Au niveau collectif nous pouvons aussi satisfaire nos besoins en privilégiant la récupération, la réparation, l'autoproduction ou encore le partage. Des démarches proches de celles exposées par Timothée Parrique, docteur en économie, spécialiste de la décroissance et de la post-croissance, système économique qui serait également une bonne solution de notre point de vue pour vivre une vie plus poétique.