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LE TIERS-LIEU EST UN ESPACE POLITIQUE !

25 octobre 2025 par
Trakt
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Qu’est que la notion de Tiers-lieux évoque pour vous ?

Antoine Burret est un sociologue français contemporain qui s’est spécialisé dans ce domaine. Son travail s'écarte de la vision simpliste des tiers-lieux comme de simples espaces de coworking pour proposer une approche plus profonde et systémique.

Il définit les tiers-lieux comme des lieux de sociabilité informelle et dans une interview pour Tilt, il indique qu’il y en a des centaines un peu partout et presque chacun de nous a un tiers-lieu que l’on fréquente ou non. En Europe, un tiers-lieu peut être un café, un bistrot, ou une buvette comme en Allemagne. Mais si on se déplace dans d'autres pays, les lieux de boisson ne sont pas forcément des tiers-lieux. A Alexandrie le tiers-lieux principal est la corniche qui est à côté de la bibliothèque d'Alexandrie car c’est l’endroit où les gens se rencontrent.

Antoine Burret indique que les tiers-lieux ont deux fonctions principales : la première est de créer un collectif, lutter contre la solitude, créer du lien social, réduire certaines maladies. Des études montrent que là où il y a du lien social, les gens vont mieux et cela crée de la solidarité.

La seconde fonction, plus politique, est de permettre de se rencontrer entre pôles opposés, de discuter et puis de refaire société ensemble. Ainsi il explique que les tiers-lieux, ce sont les espaces médians, ce sont les espaces où, effectivement, des personnes opposées vont apprendre à vivre ensemble, vont apprendre à ne pas être d'accord, et à être d’accord de ne pas être d'accord.

A l’image du travail de Guillaume Blot, que nous avons reçu dans notre podcast, sur les rades et les restos routiers, les tiers-lieux ont tendance à diminuer drastiquement. Les statistiques parlent de 600 000 dans les années 60, à 60 000 maintenant. Mais Antoine Burret montre que nous pouvons aussi prendre cela sous un autre angle. Toujours chez Tilt, Il explique que “dans l’Histoire, les tiers-lieux ont souvent subi des pressions, et étaient contraints à fermer, lorsqu'on voulait s'attaquer à certaines communautés. Fermer un tiers-lieu, c'est contraindre une communauté. Si on prend l'exemple des communautés LGBTQIA+, dans les années 70 à San Francisco : on fermait leurs clubs, là où ils se rencontraient, et soudainement, les communautés se délitaient. De la même manière, dans beaucoup de pays totalitaires, historiquement, les lieux tels que les cafés ou les brasseries à un moment donné, sont interdits parce qu'on ne veut pas que les personnes se rencontrent.”

Antoine Burret nous invite à voir les tiers-lieux comme des écosystèmes vivants et des outils au service de la transformation collective.

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