Pour nous un système économique repose sur l’échange de biens et services contre une valeur : de l’argent, mais nous allons voir qu’un système d’échange peut-être organisé d’une façon bien différente avec le circuit de la Kula.
Le circuit de la kula est un système d'échange cérémoniel qui a lieu entre les habitants des îles Trobriand et des régions voisines de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Décrit en détail par l'anthropologue Bronisław Malinowski dans les années 1915, ce système ne repose pas sur une logique économique de troc, mais plutôt sur la création et le maintien de liens sociaux.

Le circuit est organisé d’une façon bien précise et autour de deux objets : le souleva qui est un collier et qui circule dans le sens des aiguilles d'une montre et le mwali, un bracelet qui circule dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Ces objets n'ont ni valeur financière ni utilitaire. Ils ne peuvent pas être possédés définitivement, mais seulement échangés, et leur valeur est liée à leur histoire et aux relations qu'ils symbolisent. L'objectif principal est d'acquérir du prestige et du pouvoir social en donnant

En gros, un individu qui reçoit un objet le garde pour une certaine période avant de le transmettre à un autre partenaire d'échange. Il n’y a pas de paiement ni de marchandage. Ce système de dons et contre-dons différés dans le temps et l'espace (Le participant qui reçoit un objet ne donne pas de contrepartie immédiate) crée un réseau de partenariats à vie entre les participants, renforçant les alliances et la paix entre les différentes communautés insulaires. Comme chaque objet était échangé environ tous les ans, il devait théoriquement se retrouver au terme d'un long cycle à peu près dans sa zone de départ.

A souligner que Malinowski a étudié le circuit de la Kula avec un biais androcentrique et son travail a été revisité par l'anthropologue Annette Weiner dans les années 1970. C’est grâce à elle que nous avons pu vraiment comprendre la Kula et le rôle important des femmes dans ce système. Celles-ci contrôlent la production d'objets symboliques appelés "biens inaliénables", essentiels au prestige des lignées et clans, un prestige nécessaire pour participer à la Kula. Elle a également montré que la Kula est un phénomène social total, englobant des dimensions économiques, culturelles, sociales et politiques. Il ne s'agit pas d'un simple échange entre hommes.

Le système de la kula est un exemple classique en anthropologie pour illustrer que les échanges ne sont pas toujours guidés par le seul intérêt économique.
SOURCES
https://www.youtube.com/watch?v=GDEkCul1-OU
https://www.youtube.com/watch?v=tC2TDk9GeVI
https://www.youtube.com/watch?v=pBFjIInE3Cg
https://fr.wikipedia.org/wiki/Kula_(Nouvelle-Guin%C3%A9e)
https://www.casoar.org/du-cote-de-lanthropologie/2018/07/18/la-kula-a-la-recherche-de-la-renommee